Art & Architecture

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La galerie de peintures

La galerie du château d’Oiron, longue de 55 mètres, abrite l’un des plus vastes décors peints de la Renaissance française. Elle fut réalisée entre 1546 et 1549 sur une commande de Claude Gouffier, Grand Écuyer de France de 1546 à 1570.

Vraisemblablement exécutées par un atelier italien d’Émilie - ainsi que l’atteste un dessin conservé au musée du Louvre - elle témoigne de l’esprit de création qui régnait à Oiron durant la Renaissance.

Ses 14 scènes, librement inspirées de l’Iliade  et de l’Énéide , déploient l’histoire de la guerre de Troie, et de la vie du héros troyen Énée.

Les peintures s’inscrivent dans des cadres en trompe-l’œil, habités par des figures en rapport avec le sujet.

 

 

Le Prologue, La Gloire de François ler


L'inscription qui subsiste en partie dédie la galerie à François de Valois, « Roi des français, prince très chrétien, très invincible et très puissant [...] ».
 

Vue de la peinture le prologue de François 1er, où l'on aperçoit pégase en partie centrale
Le Prologue - La Gloire de François ler, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Les figures peintes dans les cadres représentent au centre Pégase,  personnification de la renommée du souverain, encadré à gauche par Apollon  et à droite par Mars  ou Minerve  à droite, dieux des arts et de la guerre.

L'Assemblée des dieux

Peinture représentant l'assemblée des Dieux
L'Assemblée des dieux, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Les dieux sont assemblés à l'occasion du mariage de Thétis et Pélée (parents d'Achille). 

Éris, déesse de la discorde, représentée avec des ailes de chauve-souris, trouble le festin en jetant au milieu d'eux la pomme d'or  destinée à la plus belle des déesses.

Jupiter refuse de l'attribuer et ordonne à Mercure , debout près de lui, de conduire Junon , Minerve et Vénus  sur le mont Ida où Pâris  sera juge de leur beauté.

Au centre du soubassement, le vieillard nu, énorme, couché dans une niche ovale, est Démogorgon, père des dieux, dont le premier enfant fut la Discorde .

Le jugement de Pâris

Peinture murale de la galerie Renaissance représentant Pâris qui remet la pomme d'or à Vénus
Le jugement de Pâris, galerie de peintures du château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Assis près d'une grotte, près d’une source personnifiée par une nymphe, Pâris, en berger, remet la pomme d'or à Vénus, qui lui a promis l'amour de la plus belle femme du monde. Elle est couronnée par deux amours.

Mercure, le messager des dieux, est entouré de Junon, accompagnée de son paon qui menace Pâris et de Minerve qui reprend ses vêtements. 

À l'arrière-plan, à gauche, on découvre un beau paysage occupé par des édifices antiques, un berger assis joue de la cornemuse en surveillant un troupeau de bœufs.

Le motif placé au sommet de la composition a un sens précis : le masque humain aux oreilles d'âne et aux cornes de bœuf est une allégorie du berger dont la stupidité causera la ruine de Troie.

L'enlèvement d'Hélène

peinture murale de la galerie de peinture représentant L'enlèvement d'Hélène par Pâris
L’enlèvement d'Hélène, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


En réponse à la promesse de Vénus, Pâris, fils du roi de Troie Priam, enlève Hélène  femme du roi de Sparte Ménélas, réputée être la plus belle des femmes. Il déclenche ainsi la guerre de Troie.


La scène se détache sur un vaste paysage évoquant la ville de Sparte en ruine et son port où mouillent les vaisseaux des Troyens

L’atmosphère dramatique des lumières d’orage et les figures d’encadrement annonce les conséquences fatales de cet enlèvement

Le sacrifice d'Iphigénie

Peinture murale qui évoque le moment où la déesse Diane substitue une biche à Iphigénie
Le sacrifice d'Iphigénie, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux

 

La scène évoque le moment où la déesse Diane  substitue une biche à Iphigénie que son père Agamemnon  s'apprêtait à sacrifier pour conjurer la tempête qui retenait la flotte à Aulis, empêchant le départ des bateaux grecs pour la guerre.

L'inscription dénonce l'attitude d'Agamemnon et des Grecs qui ont ruiné la ville : « Vous avez apaisé les vents par le sang et le meurtre d'une vierge ». 

Dans l’encadrement, les licornes renvoient à la pureté de la jeune fille sacrifiée, les dauphins aux courses de bateaux, les têtes joufflues aux vents et les têtes de bœufs aux sacrifices.

Le Combat près des vaisseaux

Peinture murale représentant une scène de combat
Le Combat près des vaisseaux, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Le récit de la guerre de Troie commence avec cette scène de bataille.

Derrière les combattants, on aperçoit une ville au bord de la mer et une colonnade à deux étages qui représente un édifice antique bien réel : les Piliers de tutelle à Bordeaux (temple antique construit au Il° siècle, consacré à Auguste , détruit sur ordre de Louis XIV au XVII° siècle).

Le bûcher de Patrocle

Peinture murale de la galerie Renaissance représentant le bûcher de Patrocle
Le bûcher de Patrocle, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Cette scène occupe le mur au-dessus des deux portes conduisant à la chapelle haute du château et à un escalier. 

Cet épisode ne suit pas la logique du récit puisque les funérailles de  Patrocle  interviennent après qu'Achille, dont il était l'ami, l'ait vengé en tuant Hector , son meurtrier (cf. scène "Le Combat singulier"). 

On y voit le bucher constitué des corps d’une douzaine de troyens tués par Achille pour se venger de la mort de Patrocle.

Les figures de l'encadrement, satyres, amours, masques chevelus et barbus sont purement décoratives.

Scènes de combat

Une grande composition, la plus vaste du programme occupe tout le mur du fond et le mur ouest jusqu'à la première fenêtre. 

La scène ne peut être identifiée avec précision.

Il s'agit sans doute d'une bataille type, les combattants portent des costumes antiques mais les armes qui gisent sur le sol sont d'époque Renaissance.

Le combat singulier

Peinture du combat entre Pâris et Ménélas, roi de Sparte et mari d'Hélène
Le combat singulier, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


L'inscription en partie basse indique qu'il s'agit du combat singulier qui opposa Pâris, le roi de Sparte et Ménélas, le mari d'Hélène :  « Ni le combat singulier, ni les sacrifices, ni les autels de Priam ne peuvent effacer la souillure du lit nuptial ».

Les figures annexes sont un commentaire de la scène. Les lièvres évoquent la lâcheté de Pâris qui tenta de fuir Ménélas représenté, lui, par des têtes de lion.

Le paysage urbain est identifié comme une vue de Rome : l'ile du Tibre, le pont Fabricius, les pentes du Capitole et du Palatin.

La précision de cette représentation indique que le peintre avait réellement vu la ville de Rome.

La mort d'Hector

Peinture murale représentant la mort d'Hector au cours d'une embuscade tendue par Achille
La mort d'Hector, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


L'inscription permet d'identifier la bataille : « S’ensuit le terrible et lamentable massacre qu'après la mort d'Hector Achille infligea aux malheureux phrygiens ».

Hector est tué par Achille  au cours d'une embuscade.

Cette version des évènements n'est pas celle d'Homère mais de Dictys de Crète, sans doute parce que ce récit permet au peintre de représenter un combat équestre qui s’apparente à un tournoi de chevalerie avec des combattants en armures du XVIe siècle.

Dans les cadres, les têtes expriment l'épouvante, le masque ailé hurle de frayeur, les putti tiennent leurs têtes et crient, les deux femmes décharnées personnifient le malheur et la ruine, les têtes de bœufs noirs symbolisent la mort. 

Seules les deux figures de femmes appuyées sur de longs bâtons apportent une note d'espoir : ce sont des images de la Constance qui annoncent l'intervention future d'Énée.

Le Cheval de Troie

Peinture du Cheval de Troie
Le Cheval de Troie, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Au centre de la scène, le cheval de boisau sein duquel se cache des guerriers grecs, est introduit dans la ville de Troie après que le grec Sinon ait convaincu Priam qu’il s’agit d’un cadeau des dieux.

La scène représente Sinon amené devant le roi Priam drapé de rouge et couronné.

Derrière, Laocoon (prêtre d'Apollon) s'apprête à lancer son javelot dans le ventre du cheval pour démontrer qu'il sonne creux. 

Les figures du cadre illustrent le mal, la violence et la ruse.

La fuite d'Énée

Peinture murale de la fuite d'Énée. Énée, fils du mortel Anchise et de la déesse Aphrodite, est l'un des héros de la guerre de Troie
La fuite d'Énée, galerie de peintures, château d'Oiron.

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux

 

Troie est prise grâce au stratagème du cheval que l'on voit échoué sur une place.

Des troyens fuient de nuit la ville en flammes. Énée porte son père Anchise sur son dos et tient son fils Ascagne par la main; ils se dirigent vers la partie droite de la composition, éclairée par le jour, où des navires les attendent pour embarquer.

L'inscription reprend deux vers de l'Enéide de Virgileprononcés par Énée qui devient désormais le personnage principal du cycle : « Quelles paroles pourraient dépeindre cette nuit de massacres et ces funérailles ? Quelles larmes répondraient à nos malheurs ? »

Les figures féminines latérales, les chevilles attachées, les mains liées, hurlent de désespoir et évoquent le sort réservé aux vaincus, emmenés en esclavage.

Les armes et les combats d'Énée

Peinture murale représentant les armes et les combats d'Énée
Les armes et les combats d'Énée, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Au centre de la composition, sur une plateforme rocheuse, les cyclopes et Vulcain  forgent les armes d'Énée
Cette peinture résume de manière sommaire les aventures du héros, les scènes latérales faisant allusion aux navigations du troyen et à la conquête de l'Italie en rappelant la protection divine dont il a bénéficié.

Le rameau d'Or

Le rameau d'Or est une des peintures de la grande galerie du château d'Oiron
Le rameau d'Or, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Cette peinture fut entièrement refaite par Louis Gouffier (XVIIe S.), à la suite du percement de la fenêtre, et peut-être après l'incendie survenu en 1627.

Elle représente Hercule et les juments de Diomède

Toutefois, la branche dorée qui apparaît sur le cadre du soubassement est un vestige de la composition initiale et permet d'identifier le sujet disparu : la visite d'Enée à la Sibylle.

Celle-ci accepte d’indiquer le chemin des Enfers à Enée qui souhaite consulter son père.

Énée aux Enfers (L'entrée des Enfers)

Peinture murale représentant l'entrée des Enfers gardée par le chien Cerbère
Énée aux enfers, galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


Cette dernière composition, qui fut peinte en premier, se déploie en deux scènes distinctes de part et d’autre de la fenêtre, jusqu'à la cheminée.

Elle évoque le Chant VI de l’Énéide, où Énée se rend auprès de la sibylle de Cumes pour savoir comment descendre aux Enfers pour y consulter son père Anchise. 

À gauche de la fenêtre, l'entrée des Enfers est gardée par le chien Cerbère. L’ensemble a été repeint sous Louis Gouffier d'après les vestiges peints originels.

Énée aux Enfers (Le Tartare)

Peinture murale de la galerie Renaissance représentant le Tartare (Prison infernale des dieux vaincus et des héros qui avaient offensé Zeus)
Énée aux Enfers - Le Tartare (détail), galerie de peintures, château d'Oiron

© Jean-Luc Paillé, Centre des monuments nationaux


La scène représente le Tartare où les criminels reçoivent leur châtiment. Énée n'a pas pénétré dans ce lieu qui lui fut seulement décrit par la Sibylle.

 

Cette représentation ne correspond pas à la description de Virgile, mais semble inspirée d’une illustration moderne de la traduction française du  Songe de Polyphile (1546) .

Dans la suite du texte Enée rencontre son père qui le rassure sur son avenir en lui présentant ses descendants.  

Après cet épisode, Énée arrive en Italie dans la région du Latium et sera à l’origine de la fondation de Rome.

La cheminée

Vue sur la cheminée de la galerie de peintures
Cheminée de la galerie de peintures

© Samuel Quenault, Centre des monuments nationaux


L’unique cheminée n’avait pas pour but de chauffer la galerie mais d’animer l’espace par la flamme d’un foyer. 
Son décor sculpté associe le monogramme et la devise de Claude Gouffier, les initiales et les armoiries de Claude et de sa femme Françoise de Brosse, le marteau d’armes et l’épée royale. 

La devise Hic terminus haeret (ici est le terme) inscrite deux fois est un vers de l’Énéide, prononcé par Didon, reine de Carthage, pour tenter de retenir Énée dont elle est éprise.
 

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