Les Écritures bougées - Hommage à Jean Dupuy

À l’occasion du XIXème Sommet de la Francophonie qui se tiendra les 4 et 5 octobre 2024 à la Cité internationale de la langue Française à Villers-Cotterêts, le Centre des monuments nationaux présente « Monuments en francophonie », une programmation dédiée s’inscrivant
dans le cadre du Festival de la francophonie « Refaire le monde ».

Ainsi, le château d’Oiron propose :

Les Écritures bougées - hommage à Jean Dupuy
Lectures-actions et performances sur une proposition de Aziyadé Baudouin-Talec,
le samedi 5 octobre 2024 (16h30-19h)

Avec Aziyadé Baudouin-Talec, Alexandre Gérard, Jacques Halbert, Joël Hubaut, Arnaud Labelle-Rojoux, Macdara Smith, Hélèna Villovitch

Le château d’Oiron accueille depuis plus de 30 ans la collection d’art Curios & Mirabilia au sein de laquelle s’inscrivent des œuvres qui explorent la plasticité de l’écriture, notamment celles de Jean
Dupuy, Lothar Baumgarten, On Kawara, ou Lawrence Weiner, se mêlant à la devise de Claude Gouffier (XVI° s.) ou aux inscriptions latines de la Galerie Renaissance.
Dans cet ensemble de mots donnés à lire sur les murs du château, la Table à imprimer de Jean Dupuy, avec sa dimension « anagrammatique », joue un rôle particulier en s’inscrivant dans la lignée des « grands rhétoriqueurs» de la Renaissance, amoureux des jeux de mots et des règles de la langue.

Les 7 artistes invités par Les écritures bougées, sous la direction d’Aziyadé Baudouin-Talec, activeront des textes à travers différents dispositifs en écho au travail de Jean Dupuy, selon un parcours déambulatoire dans les grandes salles du château, avec des projections, des extraits sonores, des lectures- actions, ou encore des et performances sonores et visuelles. 

À cette occasion, deux performances historiques de Jean Dupuy seront réactivées.

Jean Dupuy (artiste)
1925-2021

« C’est avec ces quatre mots « American Venus Unique Red » inscrits sur un crayon de marque  «venus», que j’ai fait une anagramme pour la première fois, à New York, un jour de désœuvrement de 1973.

Les 22 lettres d’«american venus unique red» m’ont donné «univers ardu en mécanique».

En 1979, j’ai inventé un système d’écriture, basé sur un choix de mots qui représentaient des couleurs, pour résoudre des équations de lettres : des anagrammes. 

Ainsi je revenais à la couleur, après avoir arrêté de peindre en 1966. Je constituais de grandes anagrammes, avec d’un côté une liste exclusivement composée de noms de couleurs, et de l’autre le récit d’une histoire, ou la description d’un objet. Chacun des deux textes étant rigoureusement composé avec les mêmes lettres que l’autre, ni plus ni moins. Un face à face anagrammatique dont une moitié (la palette) colorait l’autre. »
Jean Dupuy, 2006

Jean Dupuy est né en 1925, à Moulins (Allier). Il est adepte d’un art techno-sensoriel, d’un art du bricolage des machines et du langage, qui permet de décaler la perception du monde et de soi-même. Il s’installe à New York en 1967 où il est représenté par la galerie Ileana Sonnabend, jusqu’en 1973. Il organise alors, au sein de son atelier, des performances collectives réunissant les avant-gardes new-yorkaise, dont Gordon Matta-Clark, Nam June Paik ou George Maciunas.
De retour en France au début des années 1980, sa pratique évolue vers le langage dont il délie le sens à travers des anagrammes et des jeux de mots visuels, à la manière des poètes sonores, que ses œuvres animées mettent en mouvement et que ses tableaux viennent fixer.
Il est mort en 2021, à l’âge de 95 ans,

Table à imprimer, 1974-1984,
Collection Centre national des arts plastiques
Collection Curios & Mirabilia, château d’Oiron

Dans la Chambre des chefs découverts du château d’Oiron, un curieux appareillage invite le visiteur à regarder dans un œilleton incorporé au plateau d’une table. En s’exécutant, il peut se livrer à la fois à l’examen de sa tête telle que la voient les pigeons et contribuer à une œuvre collective en déposant un peu de sueur sur la feuille de papier qui recouvre la table.

Au mur, un énigmatique mode d’emploi explique la collection d’étranges suaires collectifs qui orne les murs de la salle constitué des feuilles de papier imprégnées de sueur et changées tous les 5000 visiteurs.

L’auteur, l’anagrammiste Ypudu (Jean Dupuy) se situe dans la lignée des «grands rhétoriqueurs »de la Renaissance, amoureux des jeux de mots et des règles de la langue.
L’anagramme peinte livre une équivalence, sous forme d’une sorte de recette, de la description de l’œuvre et de son fonctionnement.

Aziyadé Baudouin-Talec

Née en 1989, à Paris

Après des études littéraires et théâtrales à La Sorbonne Nouvelle – Censier, Paris 3 et une formation de comédienne, Aziyadé Baudouin-Talec écrit (théâtre, littérature, poésie) et met en scène en créant la Compagnie Apparatus. 

Elle s’éloigne progressivement du théâtre pour se consacrer à l’écriture et penser des rapprochements entre littérature, art contemporain et danse contemporaine au travers de lectures-actions. Son texte Topiques paraît dans SPIP en 2016. Elle crée Les écritures bougées, structure de production et de diffusion de la littérature contemporaine dans le cadre de laquelle elle invite auteurs, artistes, chorégraphes, réalisateurs et musiciens à produire des lectures-actions à travers différentes problématiques.
À ce jour, 44 soirées ont eu lieu dans divers lieux artistiques avec plus de 220 artistes et écrivains invités.
Elle participe et dirige la publication de l’Anthologie des Écritures bougées publiée par les éditions MIX. parue en septembre 2018.
Elle a présenté son travail personnel de lecture-action notamment au Palais de Tokyo, au Centre d’Art La Criée (Rennes), à la Fondation Ricard, au FRAC Franche-Comté (Besançon), au Centre d’art La Criée, à la Fondation Ricard, à Zoo Galerie (Nantes), au CAC La Traverse à Alfortville. Ces textes sont publiés dans plusieurs revues dont Véhicule, 591, DOC(K)S, Mon Lapin Quotidien.